Le terme « autogynéphilie » est construit sur des racines grecques et signifie « amour de soi en femme ». Il désigne une certaine libido masculine, dans laquelle l’homme est excité sexuellement lorsqu’il s’imagine en femme. Il a été utilisé pour la première fois par Ray Blanchard, un sexologue américain, qui travaillait sur les formes de transexualité, dans les années 1980. Aujourd’hui, aux USA, ce terme est en débat et fait l’objet de suspicion : il serait le cheval de Troie d’une certaine transophobie, et Ray Blanchard lui-même, à en croire ses détracteurs, serait, en matière de sexualité, un réactionnaire de la pire espèce ; ses travaux seraient largement discrédités pas la communauté scientifique. Je ne suis pas sexologue, ni psychologue, et ne peux juger ce qu’il en est. Si j’ai bien compris ce qu’on lui reproche, c’est de ramener une certaine forme de transexualité à un simple désir sexuel, donc à une recherche égoïste de plaisir. En effet, Ray Blanchard distingue entre plusieurs formes de transexualité masculine, et notamment, entre :
- Les transexuels masculins homosexuels, c’est-à-dire les transexuels nés hommes, qui veulent transitionner pour devenir femme, dans le but de former des relations affectives et sexuelles avec des hommes car les hommes les ont toujours attirés.
- Et les transexuels masculins hétérosexuels, c’est-à-dire des transexuels nés hommes qui veulent devenir femme, sans pour autant vouloir former de relation avec les hommes, les hommes ne les attirant pas.
Ces derniers, dit Blanchard, ne sont pas attirés par les hommes, mais uniquement par l’idée de devenir femme, idée qui est source d’excitation sexuelle pour eux. Ce sont ces derniers, et uniquement ceux-ci, que Blanchard qualifie d’ « autogynéphiles ». Blanchard est alors devenu la cible de virulentes critiques provenant de transexuels qui lui reprochent de réduire leur identité féminine, profonde, riche, complexe, comme l’identité de n’importe quelle femme dans le monde, à une simple recherche de plaisir sexuel. En deux mots, ils lui reprochent de faire de leur identité une « perversion » sexuelle. Les arguments sont intéressants des deux côtés, mais ça hurle un peu.

Débat serein sur le transexualisme
Pour ma part, je suis obligé de constater que la définition de Blanchard colle parfaitement à mon expérience. Je ne veux pas devenir femme, car mon identité est résolument masculine. Mais il m’arrive fréquemment d’être puissamment excité par l’idée d’être une femme, ce qui résulte en de frénétiques épisodes masturbatoires qui peuvent durer plusieurs heures (car, le saviez-vous ? Pornhub est une machine à arrêter le temps). Pardonnez la crudité des mots qui vont suivre, mais ils rendent bien ce que peut être l’autogynéphilie vécue de l’intérieur : il s’agit tout bonnement de libérer la petite salope qui est en moi. Alors oui, chez moi, l’envie d’être une femme est une pure recherche de plaisir sexuel. Est-ce pervers ? En soi, sans doute pas. Ca le devient par la durée et les formes des passages à l’acte masturbatoire que cela déclenche, et sur lesquels je reviendrai plus tard.
Pour moi, l’autogynéphilie n’est donc pas réellement comparable à la transexualité. Il s’agit davantage d’un fétiche sexuel. Dans le DSM 5, c’est-à-dire, le Manuel Diagnostic et Statistique des troubles mentaux, qui est un peu la bible des psychiatres du monde entier, il n’est pas fait mention de l’autogynéphilie, mais on trouve à la place une entrée sur le « transvestisme« , dont la définition est assez proche, puisqu’il s’agit d’une « préférence sexuelle qui consiste en l’attirance et l’excitation pour le port de vêtements du sexe opposé ». Le DSM classe le transvestisme dans le groupe des « paraphilies », dans lequel on trouve également le frotteurisme (l’excitation par frottements à des inconnus), le voyeurisme, le sado-masochisme, mais aussi la pédophilie. Bien sûr, le DSM distingue entre les paraphilies n’entraînant aucun tort à autrui (comme le transvestisme, ou le sado-masochisme à condition qu’il soit pleinement accepté par les partenaires impliqués) et les autres (comme la pédophilie). En aucun cas, le DSM n’amalgame donc ces orientations sexuelles. Cependant, vous noterez que dans le DSM, la transexualité n’est pas classée dans les paraphilies. Au niveau scientifique, en l’état actuel des connaissances, on ne peut donc pas ramener le transvestisme à la transexualité. Il s’agit de deux choses différentes.

Or, pour moi, l’autogynéphilie est simplement un autre terme pour parler de transvestisme. Je me suis d’ailleurs plus d’une fois habillé en femme pour augmenter l’excitation sexuelle durant la masturbation. A rebours de la transexualité, qui implique sans doute des structures psychiques profondes conditionnant l’ensemble de l’identité d’une personne, l’autogynéphilie – ou le transvestisme, si vous préférez – semble relever d’un fétichisme sexuel : la simple évocation mentale d’un bikini que je porterais peut chez moi induire une très forte poussée d’excitation (au même titre, je suppose, que la vision d’un pied, pour un fétichiste des pieds).
En conclusion, je ne crois pas qu’il soit légitime d’amalgamer transexualité et autogynéphilie (ou transvestisme). Pourtant, cet amalgame est très fréquent, y compris chez les psychologues et psychothérapeuthes professionnels, si j’en crois mon expérience. Il est important de bien creuser ce qui différencie ces deux phénomènes, car ils peuvent ne pas avoir les mêmes conséquences pour les individus qui les portent en eux. Confondre l’un avec l’autre peut donc avoir des conséquences funestes : changer de sexe en raison d’un fétiche sexuel est lourd de conséquence, et certains transvestites témoignent avoir été poussés par leur psychiatres à changer de sexe. Certes, ces témoignages émanent des USA, où la prise en charge médicamenteuse des problématiques psychologiques semblent bien plus usuelle qu’en France, mais cela montre bien l’ampleur du danger qu’il y a à confondre transexualité d’une part, et autogynéphilie / transvestisme d’autre part.
bonsoir, je ne suis pas très expert en la matière mais vivant les mêmes pulsions au point de m’épiler intégralement et porter bas et lingerie, et par dessus le marcher pratiquer la masturbation prostatique habillé ainsi et éprouver des jouissances sans communes mesures avec celle que j’ai dans mes relations avec ma compagne, je m’interroge.
J’ai de très belles jambes, toujours épilées à la perfection, j’aime porter des culottes, shorty et autres tanga (mais les soutien artificiellement rembourrés, les nuisettes et les hauts je n’en porte pas, je ne trouve pas ça intéressant et ça serait ridicule alors que les bas, ça passe). J’adore porter des bas avec des portes-jarretelles, des parfums doux et fruités, du rouge à lèvres. Quand je m’empale sur mes godes en me contemplant dans un miroir j’ai des orgasmes extraordinaire et des éjaculations toujours très généreuses. Alors oui, je le concède : ça me permet de libérer la petite salope qui est en moi, ma part affamée de féminité et ça m’est devenu hyper nécessaire.
Je regrette de ne pouvoir l’assumer mais je ne m’empêche pas de porter mes dessous en allant au boulot, faire mes courses et des fois je m’aventure dans des coins isolés en espérant me faire agresser puis violer par un mec viril et bien gaulé. C’est assez paradoxal parce que l’idée de me faire sodomiser par des hommes m’est totalement intolérable. Je fantasme que ma femme me sodomise et j’ai déjà acheté un harnais et un gode, elle le sait, mais elle n’a toujours pas fait le pas et moi je n’ose pas la solliciter. Et ça m’attriste, parce que je passe devant de si belles sodomies … mais d’un autre côté comme ça ne sera jamais habillé en lingerie (parce qu’elle ne l’accepterait surement pas) cela perd en fait beaucoup de son intérêt.
Que la vie est compliquée quand on a de telles pulsions alors qu’on ne fait pourtant de mal à personne !!!!!
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Bonjour Kamelle.
Il est clair que ça complique pas mal la vie, oui.
Une phrase que je trouve clé, dans ton témoignage, c’est quand tu écris : « éprouver des jouissances sans communes mesures avec celle que j’ai dans mes relations avec ma compagne, je m’interroge. »
Ce n’est que mon opinion, mais je trouve que c’est cela qui complique la vie : si le plaisir solitaire devient plus puissant que celui éprouvé en couple, ça emmène nécessairement vers davantage d’isolement. Pour ma part, j’ai le sentiment que la petite salope qui est en moi grandit à l’ombre, à l’écart, quand je suis esseulé. Si je me sens entouré, choyé par mon entourage, elle est bien moins présente. C’est aussi pour cela que je la trouve symptomatique.
Je ne sais pas si cette part féminine de moi-même renvoie à quoi que ce soit d’une vraie femme. C’est un imaginaire, une fuite dans une irréalité. C’est cela, aussi, qui complique la vie : comment se relier au réel ?
Merci pour ton témoignage.
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