Accro au sexe ou Accro à la pornographie ? That is the question

J’ai remarqué que bien souvent, l’addiction à la pornographie et l’addiction sexuelle sont confondues, comme si c’était la même chose.

Ainsi, dans les groupes de parole que je fréquente pour me rétablir de l’addiction (DASA), nous disons souvent que l’addiction est le point commun, quelques que soient les modes opératoires qu’elle utilise : pornographie, relations tarifées, etc.

Est-ce vraiment le cas ?

Moi, je viens dans ces groupes pour me rétablir de l’addiction au porno. D’autres viennent parce qu’ils dépensent tout leur argent en prostituées.
A première vue, on peut dire qu’on est obsédés par le plaisir sexuel, ok.
Mais moi, aller voir une prostituée, ça me fait très peur : je suis terrorisé par le contact physique, par la rencontre des corps « en vrai » (j’ai été battu dans mon enfance…)

Je me vois mal devenir accro au sexe, parce qu’il faudrait pour cela que je n’ai pas peur du sexe.

Ça, c’est moi quand je suis en situation de « passer à la casserole »

En revanche, le porno, ça y va.
Donc est-ce vraiment la même chose ?

Laissez-moi faire une comparaison : si un de vos amis passe plusieurs heures par jour à jouer à FIFA sur sa console, mais qu’il ne tape jamais dans un ballon, diriez-vous qu’il est passionné de foot ?
Ne diriez-vous pas plutôt qu’il est accro au jeu vidéo ?
Et n’y-a-t-il pas un monde de différence entre être accro au sport et accro au jeu vidéo ?

J’ai déjà écrit que le porno est une fuite de la réalité. Il faudrait aller plus loin et préciser.
Le porno est une fuite dans un univers fantasmatique, dans une réalité virtuelle.
C’est à la fois semblable, et très différent, de quelqu’un qui est accro au sexe.
Certes, une telle personne fuit aussi la réalité.
Ainsi, les sex-addicts ont recours au sexe dès qu’ils se sentent angoissés, ou pour tromper l’ennui, ou encore pour masquer le vide de sens qu’ils ressentent dans leur vie…
Bref, ils fuient, eux aussi.

Mais à la différence d’un porn-addict, ce n’est pas une fuite dans le virtuel.
C’est une fuite dans une autre réalité.

Cette petite différence est peut-être plus importante qu’il n’y paraît : peut-être que fuir dans le virtuel est symptomatique d’un rapport encore plus grave au monde réel.
Non seulement on veut fuir SA réalité, mais on veut fuir aussi LA réalité. La réalité en général.
N’est-ce pas un peu suicidaire ?

Mater du porno tue. De mort lente, ok, mais ça tue.

Bien sûr, ce que je dis là n’est pas valable si vous ne passez que quelques heures de ci de là sur du porno, que vous ayez une compagne ou non. 
Dans ce cas, je suppose que votre consommation de porno s’apparente plus à une parenthèse.
Vous vous offrez un moment pour décompresser, certes malsain, mais enfin, ce n’est peut-être pas autant autodestructif.

Mais si vous avez toujours eu les plus grandes difficultés à entrer en relation, là c’est plus grave.
On ne parle plus de fuir SA réalité, mais bien de fuir LA réalité.

Afin de bien comprendre la nature de ce qui nous enchaîne, je crois qu’il est très important d’étudier ces chaînes. Pas seulement de taper dessus pour se libérer.
J’ai décrit ici quels sont les liens, chez moi, entre pornographie et fuite de la réalité.

Et je reviendrai dans un billet suivant sur l’art et la manière, selon moi et à la lueur de ma petite expérience, de combiner le sevrage au porno, et le travail sur soi.

Pour l’addiction au sexe, je suppose qu’il y a beaucoup de points communs avec ce que je viens de dire, mais en même temps, je suppose que cette addiction est faite de névroses repliées selon une géométrie différente.

Sincèrement, j’aimerais bien savoir.

Parce qu’à force de mater du porno, on devient tellement exigeant qu’on condamne la réalité.

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